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La scène est une table, aux formes étranges, comprenant différents lieux : le proscénium sableux, sur lequel brûlent les cadavres de Thèbes, le Palais du roi Œdipe, l’antre du Sphinx, dépositaire de la vengeance divine et de sa mystérieuse énigme, la route de Delphes, si funeste pour Laïos et son fils ; les statuettes représentant les protagonistes de cette tragédie évoluent dans cet espace, au gré du caprice de l’acteur. Cette table est le monde, ou simplement la cité de Thèbes sur laquelle règne le manipulateur qui joue à être Apollon, à moins qu’il ne se prenne vraiment pour le dieu. Il mène cette tragédie avec une joie sadique, jusqu’à l’ultime et insoutenable vérité, celle qui aveugle, rognant les tentatives d’Œdipe d’accéder au libre arbitre. Ce qui permet d’amener de l’humour dans la mise en scène, comme Apollon en utilise pour perdre Œdipe qui n’est pas responsable de la malédiction qui pèse sur sa famille. Œdipe montrera qu’il accepte sa malédiction puisqu’il a commis, malgré ses efforts pour y échapper, le meurtre requis par le dieu vengeur et mesquin. Ce sera la leçon de dignité humaine de ce roi qui accepte et choisit son châtiment. Ainsi qu’Œdipe tente de se soustraire à son destin, la marionnette tente d’échapper à la poigne trop dirigiste du manipulateur, le forçant à abandonner ses velléités divines pour n’être que lui aussi un homme, un simple humain. Un pied-de-nez possible face aux événements qui nous dépassent.

d'après une idée de Sophocle, Sénèque & cætera
Adaptation, scénographie et jeu d'Éric Poirier
Mise en scène d'Ivan Romeuf
Assisté de Laurence Calabrese
Décors et marionnettes de Georges Mosca
Lumières de Jean-Philippe Bocquet
Musique de Cirrus Poivre